BLOG

Sans règles, il n’y a pas de liberté. Choisis-les consciemment.

6 Avr 24 | Articles

La liberté est une des aspirations les plus avidement poursuivies et défendues aujourd’hui. Tout le monde veut être libre, libre de faire, de dire, de penser, de devenir ce qu’il veut, libre de contraintes et de règles. Mais cette liberté-là est-elle seulement possible?

On oppose souvent à la liberté la discipline et l’ensemble des règles sur lesquelles elle se fonde. Mais on oublie qu’on est constamment soumis à des règles, qu’on le veuille ou non et qu’on en soit conscient ou non. L’être humain, comme tout être vivant, a besoin de règles et de systèmes pour assurer efficacement sa survie au quotidien.

La question n’est donc pas de savoir si l’on accepte d’obéir à des règles, mais bien plutôt à quelle règle on décide de se soumettre. Lorsqu’on accepte cette réalité, la discipline n’est plus l’ennemie de la liberté personnelle, mais en devient une condition essentielle.

Pour être libre, tu dois t’imposer des règles.

Les règles ne sont ni bonnes ni mauvaises en soi

On associe souvent les règles à des concepts négatifs: carcan, emprisonnement, contraintes, chaînes, tyrannie, sujétion, oppression, obligation, soumission…

On considère les règles et les contraintes comme des liens qui entravent nos mouvements, des poids qui ralentissent notre progression, des brides qui nous empêchent de nous exprimer spontanément et de nous comporter naturellement.

Mais les règles, en soi, ne sont ni bonnes ni mauvaises. Elles sont simplement des outils dont se servent les individus, les organisations, la société et même la nature pour encourager ou décourager certains comportements, afin d’obtenir un résultat spécifique en vue de promouvoir leurs objectifs particuliers ou de défendre leur propre système de valeurs.

La connotation qu’on donne aux règles est donc contextuelle: elle dépend de leur source – qui a fixé les règles? -, des valeurs et objectifs qui les sous-tendent – à quoi servent-elles? -, et des effets qu’elles produisent sur nous – est-ce qu’elles favorisent notre développement ou compromettent nos propres objectifs?

Les règles sont ressenties comme une atteinte à notre liberté lorsqu’elles nous sont imposées de l’extérieur, par des étrangers, le gouvernement, la société, sans qu’on y ait consenti. On les considère comme arbitraires, injustes, nuisibles lorsqu’elles défendent des valeurs qu’on ne partage pas, qu’elles vont à l’encontre de nos intérêts particuliers, nous désavantagent ou nous causent des inconvénients qui l’emportent sur les bénéfices qu’elles sont censées apporter.

Aucune règle n’est bonne ou mauvaise en soi. Toute règle est subjective, parce que les valeurs qu’elle promeut ne sont jamais universellement partagées. Chacun d’entre nous possède sa propre hiérarchie de valeurs et ses propres objectifs, qui découlent de sa culture, de ses croyances, de son éducation et de ses expériences de vie. En somme, d’un contexte qui lui est propre.

Même dans une société démocratique comme la nôtre, où les lois sont censées promouvoir la prospérité et défendre les intérêts de l’ensemble de la population, elles encouragent des valeurs auxquelles tous les individus n’adhèrent pas nécessairement. La capacité des lois à satisfaire les besoins et objectifs de chaque personne est très restreinte, puisqu’elles visent à protéger l’intérêt général plutôt que particulier. Ainsi, si certaines lois brident la liberté de certains, elles renforcent et protègent celle des autres.

En fonction du côté où l’on se trouve, les règles peuvent donc nous être bénéfiques ou préjudiciables. La façon dont on les considère – positive ou négative – dépend donc de leur origine, de leur alignement avec nos objectifs personnels et des effets qu’elles produisent sur nous.

 

On est toujours sous l’influence de règles

La liberté est souvent définie comme l’absence de chaînes et de contraintes, ou la capacité à se soustraire aux règles pour simplement suivre nos envies et notre instinct.

Parmi les règles exerçant une forte influence sur notre vie, les plus évidentes sont les lois. S’il est vrai que l’on ne peut s’y soustraire sans en subir les conséquences, parfois sévères, les lois et les sanctions que leur non-respect engendre ont au moins le mérite, dans la plupart des cas, d’être explicitement formulées. Et il nous reste toujours la possibilité de choisir entre obéissance ou punition.

Le problème, c’est que les lois ne représentent que la pointe de l’iceberg de toutes les règles qui nous gouvernent dans la vie. On est sans cesse assujetti à des règles autrement plus insidieuses que celles inscrites noir sur blanc dans les codes, recueils et constitutions, à des règles qui ne prennent que rarement la forme d’un ordre ou d’une injonction clairement énoncée.

Certaines règles, tacites, voire immuables, sont un pur produit de notre biologie et de notre évolution en tant qu’êtres sociaux, comme les codes sociaux que l’on suit pour marquer notre appartenance à un groupe et éviter l’exclusion, l’ostracisme, le rejet, la solitude, l’abandon. Les lois physiques nous clouent sur Terre, nous forcent à dépenser notre énergie pour nous déplacer et nous empêchent de nous matérialiser instantanément à l’autre bout du globe. Les lois biologiques nous imposent de dormir et de nous nourrir régulièrement pour être en forme mentalement et physiquement, nous soumettent à des biais psychologiques pour conserver notre énergie et favoriser notre survie et contraignent notre évolution et nos capacités au moyen du programme inscrit dans notre ADN.

On croit être soumis à des règles seulement une infime portion du temps, car on ne se rend compte de leur présence et de leur puissance que lorsqu’elles compromettent directement nos intérêts ou buts immédiats. Mais on oublie que toute notre vie, à tout moment, on obéit à des règles, et la grande majorité du temps, inconsciemment. Toutes nos habitudes, nos actions quotidiennes représentent des règles de comportement qui ont souvent été façonnées par des forces externes et qu’on a adoptées au cours de notre vie sans nous en rendre compte.

La liberté est une illusion. On n’est jamais totalement libre de contraintes.

Même si l’on parvenait à se débarrasser de toutes nos idées préconçues, de toutes les influences de la société dans laquelle on vit et des personnes qui nous entourent et partagent notre vie, on ne serait toujours pas libre, car on resterait en proie à nos instincts, à nos besoins biologiques et physiologiques, à nos émotions, à nos sensations, qui ne sont pas forcément en accord avec nos désirs et aspirations les plus profonds.

Peut-être les moines bouddhistes, qui ont consacré leur vie à la méditation, sont-ils les plus proches d’atteindre le nirvana, cet état de paix intérieure dénué de désirs, de souffrance, d’attachements et de besoins, et peuvent-ils prétendre s’être libérés de l’emprise de la majorité des instincts physiques et des tourments mentaux. Mais c’est grâce à une discipline rigoureuse et inlassable de méditation et en s’astreignant à des règles contraignantes qu’ils y sont parvenus.

 

La discipline comme expression de notre liberté

La question n’est donc pas de savoir si tu veux ou non suivre des règles, mais bien plutôt à quelles règles tu décides de te soumettre.

Lorsque tu crois que les règles brident ta liberté en t’empêchant de faire ce que tu veux, quand tu le veux, tu oublies que nous sommes des êtres profondément contradictoires. Ce qu’on désire maintenant, tout de suite, spontanément, ne correspond souvent pas à nos aspirations à long terme.

On craque pour les mille et un délices salivants de la boulangerie du quartier dont l’odeur vient langoureusement nous caresser les narines, au lieu de manger le repas équilibré qu’on a préparé la veille pour nous permettre d’atteindre nos objectifs physiques; on s’engouffre mécaniquement dans le fil d’actualité des réseaux sociaux pour échapper à la tâche fastidieuse, mais importante, qu’on rechigne à faire; on paresse sur notre canapé et on s’effondre devant Netflix en se persuadant qu’on est trop fatigué pour planifier les prochaines étapes de notre nouveau projet, poursuivre le développement de notre entreprise ou faire notre séance d’entraînement.

Combien de fois cède-t-on à nos impulsions pour nous rendre compte plus tard qu’on n’a fait qu’alourdir notre hotte d’insatisfaction et notre traîneau de culpabilité, qui viennent encore écraser davantage notre épanouissement, ralentir notre développement personnel et nous enliser plus profondément dans la frustration.

«Les hommes ne sont pas libres quand ils se contentent de faire ce qu’ils veulent. Les hommes ne sont libres que lorsqu’ils font ce à quoi aspire leur moi le plus profond.»

– D. H. Lawrence

Les règles ne s’opposent donc pas à la liberté; elles en sont la condition. Et la discipline, définie comme l’ensemble des règles de conduite consciemment choisies que l’on s’impose, est l’expression même de notre liberté.

Nous sommes des créatures d’habitude: chaque jour, on exécute des centaines de milliers d’actions, pour la plupart automatiquement. Si chacune de ces actions appelait une décision consciente et pesée – est-ce que je dois à nouveau me brosser les dents ce matin? quelle quantité de dentifrice dois-je mettre sur ma brosse? est-ce que j’ai déjà brossé cette dent? combien de temps dois-je encore brosser les dents du bas? est-ce que ma brosse est suffisamment rincée? -, non seulement on ne pourrait pas faire un centième de toutes les activités que l’on mène au quotidien, mais en plus, la surcharge mentale que nous imposerait cette activité cognitive permanente épuiserait nos ressources et nous rendrait totalement inefficaces.

Les automatismes, habitudes, routines, codes de conduites et comportements répétitifs qu’on a progressivement bâtis au fil des ans préservent nos ressources mentales pour nous permettre de faire face aux nouvelles situations, d’exploiter les nouvelles informations que l’on recueille et de peser consciencieusement le pour et le contre lorsqu’on doit prendre une décision majeure.

Par défaut, c’est donc la loi du moindre effort qui préside à nos actions quotidiennes.

C’est aussi pour cette raison qu’on se laisse aisément porter par le courant, sans remettre en question les règles et les codes que la société, nos parents, notre environnement, la nature, ont tracés pour nous et qui ont toujours guidé notre vie.

Et si l’acceptation est la voie de la facilité et du confort, ce n’est pas la voie de la satisfaction et de l’épanouissement. Parce que les règles qui nous sont imposées ont leur propre finalité, qui ne correspond pas du tout, la plupart du temps, à nos objectifs et aspirations personnels, à notre propre vision d’avenir. Suivre les règles auxquelles on est soumis par défaut ne nous permettra jamais de nous exprimer pleinement, d’explorer notre potentiel et de découvrir notre valeur unique.

Si on ne définit pas nous-mêmes nos propres règles ni ne s’astreint à une certaine discipline, on retombera sans cesse dans nos vieilles habitudes, on finira toujours par suivre les mêmes codes qui ont toujours présidé notre vie, on restera inévitablement sujet à celles que des forces externes ont fixées pour nous.

Ainsi, pour sortir des sentiers battus et se soustraire aux règles qui nous sont imposées, on ne peut pas simplement éliminer ces dernières. On doit s’imposer de nouvelles règles qui primeront sur celles qui nous empêchent d’atteindre nos objectifs personnels et de révéler notre plein potentiel.

À l’image de l’ordre juridique, qui institue une hiérarchie des normes dans chaque État, selon laquelle les normes constitutionnelles priment sur toutes les autres en cas de conflits entre plusieurs lois, les règles que l’on se fixe consciemment forment notre constitution personnelle, le recueil des lois fondamentales qu’on a délibérément choisies et qui nous permettront de garder le cap lorsque les lois externes tenteront d’exercer une influence sur le cours de notre vie.

C’est seulement en érigeant nos propres normes, notre Constitution personnelle, que l’on pourra vraiment façonner notre vie selon nos propres termes et l’orienter de sorte à atteindre nos objectifs et réaliser nos aspirations.

 

Sans discipline, il n’y a pas de liberté possible.

***

Si tu veux explorer ton potentiel physique et mental pour façonner ta vie selon tes propres termes et vivre une vie plus riche et épanouissante, suis-moi également sur les autres réseaux. Je te livre des tas d’idées, d’astuces, de conseils pratiques, de techniques et d’inspiration pour prendre le contrôle de ta vie sur ma chaîne YouTube, mon podcast, Medium, Instagram, Threads et X. Tu peux également retrouver tout ce que je produis et écris sur mon site personnel.

N’oublie pas, c’est en explorant que tu étends le champ de tes possibles.